POETIQUE – DRAMATIQUE – SOCIETAL
Parfois, mieux vaut une dette qu’un bon compte qui achève trop vite une histoire.
Gio, la vingtaine, est miraculé d’une bagarre qui aurait dû l’envoyer directement au paradis. Mais le sort en a décidé autrement, le voilà de retour chez lui au camp gitan où il vit avec sa famille, une cicatrice sur le crâne en guise d’avertissement. Depuis son accident, des choses ont changé. Dolorès, seize ans, qui ne sait vivre que de son corps fait désormais partie du clan, tout comme Papillon un petit gars angélique au caractère sanguin. Mais la famille c’est la famille, et il est temps de venger le fils. Cependant, la vengeance va tourner en eau de boudin et Gio s’enfuit en emportant Dolores et Papillon dans ses maigres bagages. Ils vont errer ça et là, Gio à la recherche du bien être ressenti lorsqu’il était entre la vie et la mort, Dolores et Papillon, en quête d’une nouvelle vie auprès d’un homme qui verra au-delà des apparences.
UN ROMAN FINEMENT CONSTRUIT
Le chien des étoiles est construit au travers d’un registre de langue particulier, avec des phrases plus ou moins longues, peuplées de conjonction de coordination (souvent le « et »), appuyant ainsi une succession d’actions, liant les émotions entre elles au travers de chapitres plutôt courts. L’auteur fait le choix d’une écriture hachée, faussement simple et lourde de sens, infusant une émotion sans détour, comme si Gio l’écrivait. ‘étranger fait peur, la différence fait peur et l’homme fait payer cela aux détenteurs de cette étrangeté, de celui qui ne rentre pas dans les clous. C’est ce qu’il ressort de ce roman, finement brut de décoffrage.
UNE HISTOIRE & UN HEROS EN QUETE DU BONHEUR
L’histoire est enivrante, on retrouve un personnage blessé par la vie au sens propre comme au sens figuré, un héros un peu simple, plutôt spectateur de son environnement. Il observe, fait son bout de chemin et ne veut qu’une chose : qu’on le laisse tranquille. Mais d’autres ne l’entendent pas de cette oreille, que ce soit par jalousie, par orgueil ou bien par simple bêtise humaine. Un jour Gio va défier sans le vouloir un compagnon de voyage, un moment suspendu dans sa fuite qui va en modifier sa trajectoire. L
Ses acolytes d’un instant, Dolores et Papillon, sont dans l’excès de leurs particularités, conditionnés par l’image que les autres ont d’eux. Personne, jusqu’à Gio, ne leur avait fait prendre conscience de leur valeur. Ce dernier est un personnage pur, perspicace et introverti. Il a trouvé le repos dans l’entre deux mondes et depuis il est en quête du beau, de la pureté et de la tranquillité qu’offre la nature.
Le final laisse notre esprit en ébullition, on se prend à émettre des hypothèses sur la dernière phrase (surtout pour ceux ayant lu le premier roman de l’auteur). L’auteur laisse l’imagination se construire dans l’esprit du lecteur, quand il écrit il ne dit pas tout, il suppose sans dévoiler ce qu’il sous-entend, installant comme un suspens, une envie d’en savoir davantage.
♥ En conclusion le premier roman de l’auteur « La colline aux loups » était tellement puissant qu’il m’est difficile de qualifier aujourd’hui « Le chien des étoiles » de nouveau coup de cœur. Il est plus léger bien que tout aussi dramatique et je crois que cette légèreté m’a décontenancé, j’aurai aimé aller encore plus profondément dans l’esprit de Gio. Les restes d’émotions du premier roman s’accrochent à moi et font de l’ombre à ce nouveau livre mais sans contexte c’est un roman d’une grande sensibilité qui fait encore une fois ressortir la plume atypique de l’auteur.
NOMBRE DE PAGES : 240
ILLUSTRATION COUVERTURE : Amandine Bourbon-Toulan
TRADUCTION : NA
PUBLICATION : Août 2023
La Cueilleuse de Livres 
1 réflexion au sujet de “Le Chien des étoiles – Le Tripode – Dimitri Rouchon-Borie”