Roman contemporain

La Palourde – Ed. Le Tripode – Sigolène Vinson


HORS-NORME – ECOLOGIQUE – SENSIBLE

Note : 4 sur 5.

Certaines œuvres de la nature devraient refuser les appellations scientifiques, les noms grecs et latins, car c’est par ce décorum qu’elles sont transformées en élixir d’éternité.

UNE NARRATRICE ENIGMATIQUE

La Palourde. Ce titre intriguant m’a tout de suite happée, tout comme sa couverture, harmonieuse et colorée avec ses méduses, symboles du féminin et de l’ambivalence des sentiments. Une palourde, c’est un petit coquillage qui s’enfouit dans le sable dans le but de se protéger de ses prédateurs à l’instar de la narratrice du roman, une femme dont on ne connaîtra jamais le prénom. Elle se fait appeler « Ma fille » par un prétendant, un ami, désespéré de voir qu’elle ne daigne pas lui renvoyer ne serait-ce que le millième de son amour. Elle erre dans un petit village, journaliste à ses heures perdues et spectatrice d’une destruction amorcée de la nature qui l’entoure. Elle se demande s’il n’y a pas une corrélation entre son vécu et cette destruction…

L’AMOUR AVEC UN GRAND « A » AU COEUR DU RECIT

La Palourde, c’est un roman qui parle d’amour, qui met l’accent sur l’écologie, sur la préservation de la nature et du lien qui l’unit à l’être humain. C’est un roman hors-norme qui évoque des âmes en quête d’affection, qui cherchent un sens à leur vie et à leurs actes. C’est un roman de la solitude tout autant qu’un récit qui met en son centre les relations humaines. Un soupçon de détails au regard de la palourde aurait transformé cette lecture en coup de cœur, il m’a manqué ce petit rien qui fait que le choix du crustacé soit une évidence.

J’ai été séduite par l’écriture de l’auteur, à la fois douce, mélancolique et pleine de sous entendus. Chaque être vivant est en quête de son alter-ego ou à défaut de celui ou celle qui le fera se sentir moins seul. Ce besoin d’être aimé, d’aimer en retour et de se sentir vivant. Vivant tout comme le monde qui nous entoure, tout comme cet étang oublié que l’on retrouve dans le récit, abîmé par la main de l’homme. Cette nature si parfaite que la narratrice entend en écho, qui lui susurre des messages atypiques. Que ce personnage féminin est entraînant, empli de questionnements philosophiques et parfois candides, une femme qui lâche prise intérieurement, se laisse emporter par un univers qu’elle s’est créé et qu’elle retrace dans un carnet.

♥ Un roman ovni, comme l’édition Tripode aime les appeler, qui nous emporte dans des contrées presque inconnues, qui nous font divaguer tout en nous ramenant à la réalité, à ces petits riens qui nous entourent, à ces sentiments qui nous font vivre.

NOMBRE DE PAGES : 176
TRADUCTION :
N/A
PARUTION : Mai 2023
ILLUSTRATION COUVERTURE : Discomedusae, in Kunstformen der Natur, Ernst Haeckel, 1899.

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